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Emilé Auté: celui qui voulait faire du thé en Bretagne

Dernière mise à jour : 1 juil.



Emile Auté à Uzès

À l'occasion du festival Saveurs et Savoirs, Emile Auté est revenu sur la création de son thé made in Bretagne. Entre poésie et cours de botanique, la rencontre avec Emile Auté nous raconte l'histoire d'un audacieux rêveur qui a réussi à cultiver un thé en Bretagne et à l'élever au rang des plus grands. Loin des standards, il allie exigence et style, le tout teinté d'une sincérité indéfectible.


De la remise en question à la révolution


Le grand gaillard au look de gars qui bosse dans la tech, sneakers aux pieds et T-shirt blanc, dit de lui-même qu'il est un paysan. C'est là la première complexité du garçon, car il porte en lui à la fois une étonnante modernité et flambeau d'une tradition.


Assis devant nous dans le petit amphi théâtre de la librairie d'Uzès, Le garçon annonce la couleur : "ça vous dérange si je ne parle pas au micro, je suis plus à l'aise sans, je parlerais fort". Il a l'expression libre et c'est cette liberté qui lui colle à la peau depuis 2015 lorsqu'il a commencé à concevoir ses recettes. Depuis, il est aussi bien cultivateur qu'inventeur de thé.


Tout commence en 2015, lorsqu'il se lance dans la déshydratation de fruits et de fleurs, créant des recettes de thé "avec de vrais fruits dedans". Cette démarche, c'est le reflet de sa personnalité : entière. Si bien qu'il décide d'aller au bout : "À 40 ans, je me suis remis en question", confie-t-il. Face aux sceptiques qui lui répètent que "le thé, ça ne pousse pas en France", Émile, décide de cultiver du thé en France.


Une rencontre décisive


Sa rencontre avec Michel Thevot, comme il le dit, a été un tournant. C'est la rencontre d'un botaniste et d'un créateur comme celui d'un vigneron avec son œnologue. Créer un grand thé comme créer un grand vin, les deux hommes en rêve. Alors oui, le thé peut pousser en France, mais Michel le prévient : ça ne sera pas simple. La terre ne sera pas simple. Il faudra comprendre l'humidité, maitriser l'oxydation. C'est elle qui fait la magie du thé. Dans la foulée, il saisit avec fébrilité l'opportunité de travailler encore plus loin avec Michel Thévot, botaniste, qui lui confie une partie de sa récolte. Le botaniste cultive depuis quelques années 2000 théier (NDLR: qui comme chacun sait fait partie de la famille des camélias).


"J'ai fait un thé entre le thé vert et le thé bleu. Il est inclassifiable et ça me va bien"

Ses voyages en Inde, au Laos et au Vietnam lui ont permis d'acquérir un savoir-faire et une compréhension profonde de la culture du thé. Pourtant, en 2020, sa première récolte est un échec. Pour celle de Michel, il choisit de s'éloigner de ses carnets de notes pour suivre son instinct. "Faire du thé, c'est comme faire du vin", explique-t-il, soulignant la complexité et la richesse de ce métier. Sentir, toucher, écouter… Pour parvenir au thé qu'il souhaite, Émile s'écoute.



Les savoirs-faire d'hier pour un thé d'aujourd'hui


"Je cherche à produire un thé breton, un thé du territoire", affirme Émile. Pour lui, reproduire un thé japonais en France n'aurait pas de sens :"Tu veux faire un thé japonais, va au Japon" .

Il souhaite créer quelque chose d'authentique, qui reflète la richesse de sa région. "Je suis un paysan du thé", déclare-t-il avec fierté. Nous, on a vu en lui la folie de l'alchimiste et la poésie de l'artiste. Il dit qu'il crée des ovnis, des objets du goût complexe et inattendu. "j'ai fait un thé entre le thé vert et le thé bleu. Il est inclassifiable et ça me va bien" .

"Je cherche à produire un thé breton, un thé du territoire"

Pour que cette expérience ait toute sa profondeur, la dégustation se doit se faire dans les règles de l'art. À l'image de son thé, délicat et riche en nuances, le savourer demande une rigueur particulière. Comme l'a souligné son créateur : pour apprécier son thé, il faut en être digne.


Les connaisseurs le confirmeront, le thé est bien plus qu'une simple infusion. Tandis que nos voisins anglais le considèrent comme un remède à tout, les Japonais le dégustent après une cérémonie d'une finesse remarquable. En France, on se contente souvent d'immerger une boule à thé dans de l'eau chaude. Mais Émile, lui, ne fait aucun compromis. Il ne vous laissera pas savourer la subtilité de son thé si vous ne maîtrisez pas l'art de sa préparation.


Dès la première infusion, nous faisons l'expérience du thé, comme une première rencontre. Certains optent pour éliminer cette première eau, concentrée en théine. Les thés signés Émile Auté, fruits du terroir français, offrent une expérience gustative inédite. Infusables jusqu'à six fois, ils révèlent à chaque passage une cascade de saveurs distinctes.


Émile, perfectionniste dans l'âme, a sollicité des céramistes artisans pour concevoir un service de dégustation sur mesure. Accompagné d'une vaisselle d'une délicatesse rare, le visage radieux de notre "jeune" producteur témoigne de son dévouement. Émile partage son savoir-faire en matière de thé à la maison Ferandi.



Renseignements : https://maisonemileaute.fr/



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